Samedi 18, veille de la course, le stress commence à monter tout doucement. C’est mon premier dossard depuis juillet 2014 et je sais que ma préparation a été un peu “light” pour ce trail de 35 km-1500 D+ (6000 marches d’escaliers annoncées). J’appelle mon partenaire de course qui participera à son premier trail, il n’est pas rassuré non plus…
Je commence à préparer toutes mes affaires pour être sûr de ne rien oublier : baskets, sac, montre et surtout le T-shirt de l’équipe… 21h30, je m’injecte une petite dose d’insuline basale (15 unités contre 30 habituellement) puis je vais me coucher tout en sachant que j’ai beaucoup de mal à trouver le sommeil la veille de course…
Dimanche 19, 4h45, le réveil sonne (déjà). Je commence à m’habiller, je déjeune (café, pain-confiture accompagné d’une petite dose d’insuline rapide (4 unités)) puis je pars rejoindre mon partenaire chez lui. 5h30, nous partons de chez lui pour rejoindre Lyon. L’heure de route permet de nous rassurer sur la course. 6h30, nous arrivons sur le village départ, situé place des terreaux à Lyon qui accueille à cette heure-ci, un subtil mélange de runners surmotivés et de jeunes éméchés rentrant de boite… Nous récupérons nos dossards et nous voilà prêts pour le grand départ. Petit contrôle de la glycémie à ce moment-là : 2,1 g/l, un peu haut mais je préfère avoir un peu de marge avant de partir.
7h20, nous sommes invités à nous rendre sur la ligne de départ. 7h30 une première vague de 500 coureurs est lancée. Nous préférons nous glisser dans la seconde vague correspondant davantage à notre niveau. 7h33, le départ est lancé pour nous… Notre échauffement ayant été très léger voir inexistant, on se dit que les premiers kilomètres permettront un réveil musculaire… Grave erreur, la course commence par une succession d’escaliers à monter et arrivé en haut j’ai l’impression d’être cramé. Je garde cette sensation sur les 3 premiers kilomètres puis je récupère de meilleures sensations petit à petit. Le soleil se lève doucement sur Lyon, nous permettant d’admirer cette jolie ville.
Les 10 premiers km sont ponctués de quelques ascensions d’escaliers et de cotes mais restent assez roulant et nous les bouclons en un peu moins d’une heure. Arrive alors le premier ravito ou je fais le plein de ma gourde, mange quelques pâtes de fruit et un tuc pour le sel ;-). Jusque-là je me sens parfaitement bien, aucun signe d’hypo’ décelé, je ne prends pas le temps de prendre ma glycémie, je suis pressé…
Nous voilà reparti dans les rues de Lyon, nous permettant de découvrir de très beaux édifices tels que le théâtre antique de Fourvière dont nous descendons les marches.
La course se poursuit alors tranquillement sans problème majeur jusqu’au km 18 où nous arrivons au pied d’un mur : la piste de la Sarra. C’est une cote très pentue correspondant à une ancienne piste de ski située en plein cœur de Lyon. L’ascension nous coupe un peu les pattes, mais le ravito au sommet nous permet de récupérer un peu. Nouveau remplissage de la gourde (je bois énormément pour éviter les crampes), prise de la glycémie : 1,2 g/l, je mange à nouveau 2 pattes de fruit (mais pas de tuc cette fois-ci).
Un peu plus loin, nous franchissons le panneau du km 20 en 2h05 ce qui correspond toujours à un rythme très correct pour nous. Tout va bien jusque-là, puis arrive le km 23. Je sens que je commence à faiblir et pendant 2 ou 3 km je ne me sens vraiment pas bien.
Au km 25 mon partenaire m’indique je suis tout blanc. Je ne ressens aucun signe d’hypo, je crois seulement que je commence à être dans le dur. Je décide alors de souffler un peu, de boire, de m’étirer et de prendre un gel énergétique (c’est la première fois que je testais et je dois dire que ce n’est pas très bon). Je ne suis toujours pas au mieux mais nous repartons tranquillement. Je me dis alors qu’il ne reste plus que 10 km et qu’il faut serrer les dents. Je me concentre sur mon effort, je ne pense plus à rien et d’un coup, bonne surprise, je vois le panneau km 28 alors que je n’avais pas vu les 2 panneaux kilométriques précédents. Cela me donne un petit regain de moral pour la fin de la course même si je continue de guetter tous les panneaux kilométriques.
Nous déroulons jusqu’au km 32 où nous pensons que le plus dur est derrière nous… seconde grave erreur. Pendant 1,5 – 2 km, les montés d’escaliers vont s’enchainer avec à peu près 1000 marches à gravir. A ce moment-là de la course, elles font mal, très mal. On se retrouve alors à l’un des points les plus hauts de Lyon, ce qui est plutôt rassurant, on ne pourra pas monter plus haut. Nous amorçons alors la descente en passant par les fameuses traboules lyonnaises qui sont très sympa mais très étroites. A un peu plus d’1 km de l’arrivée, nous rejoignons les coureurs des 2 autres parcours (13 et 23 km) ce qui nous donne un vrai coup de boost. L’arrivée se fait vraiment sentir, on sent l’enthousiasme chez tous les coureurs. Le dernier km se fait à une allure très rapide avec beaucoup d’encouragements de la part des nombreux spectateurs. Les douleurs musculaires n’existent plus à ce moment-là. Nous apercevons l’hôtel de ville, l’arrivée est juste de l’autre côté.
Les derniers 200 m se font quasiment en sprint et nous bouclons (enfin) le trail en 4h03. Le plaisir ressenti sur le dernier km nous fait vraiment oublier toutes les difficultés éprouvées sur les précédents km. Le rythme sur les 15 derniers km a été beaucoup moins rapide que sur les 20 premiers mais l’essentiel est là, nous sommes allés jusqu’au bout. Nous terminons 495 et 496 sur 743, ce qui nous étonne un peu puisqu’au moment du départ, plus de 1000 coureurs avaient été annoncés. Prise finale de la glycémie : 1,5 g/l, ce qui est correct.
Au final, le résultat en termes de chrono n’est pas excellent, mais vraiment content d’avoir pu finir cette course de reprise et d’avoir pu porter les couleurs de l’équipe jusqu’au bout. D’un point de vue diabète, je pense avoir assez bien gérer la course en évitant les hypos et les hypers.
Pierrick