Arnaud, membre de la Type 1 Running Team et diabétique depuis 2015 nous raconte sa gestion du diabète, grâce à un régime très pauvre en glucide, régime que quelques membres de la team ont adopté avec succès.
Cela fait presque deux ans que je mange environ 30 grammes de glucides par jour et je m’en porte pour le mieux.
Manger Low Carb, comment je fais du coup?
La règle de base de mon alimentation est de proscrire les aliments contenant plus de 5% de glucides, quels qu’ils soient (lents, rapides, complexes, tous les noms qu’on peut trouver).
Ensuite, et selon les préconisations d’un diabétologue américain, lui aussi DID, la régularité est importante. Ainsi, j’essaie d’avoir les mêmes quantités et les mêmes proportions à chaque type de repas.
Ensuite, et selon les préconisations d’un diabétologue américain, lui aussi DID, la régularité est importante. Ainsi, j’essaie d’avoir les mêmes quantités et les mêmes proportions à chaque type de repas.
Je ne cherche pas à lui faire de publicité mais j’estime essentiel de connaitre l’existence de son livre et d’essayer de le lire ou de s’en faire expliquer le contenu : Diabetes Solution du Dr. Bernstein
Dans ce livre, on apprend qu’un diabétique « mérite d’avoir des glycémies normales » comme un non diabétique. La cible parfaite serait d’être toujours à 0,83mg/dl que ce soit avant, pendant et après les repas. Il est sûr que même un non diabétique voit ses glycémies varier, pas de panique, ce n’est qu’une cible de réglage. Cette glycémie parfaite permettrait d’avoir une HbA1C inférieure à 5%, plutôt 4,5%.
Mes repas
Je ne compte pas les calories, je me base juste sur une quantité théorique de protéines que je dois assimiler par jour (1,2 g/kg de masse corporelle sèche pour ma part) et je complète ensuite avec des légumes, des fromages, fruits à coques. J’aime cuisiner, et heureusement puisque j’ai banni les produits transformés, ils contiennent trop d’ingrédients pour être sans effets. Cependant, je ne me lasse jamais de ce que je mange car les possibilités sont infinies. Les livres offrant des recettes type cétogène sont nombreux et permettent d’avoir de nouvelles astuces de cuisine.
Je cuisine très souvent avec du beurre, de l’huile de coco, d’olive. Je ne chauffe pas trop pour ne pas dénaturer les matières grasses (jamais plus de 180°C). Le goût est dans le gras ! Tous les cuisiniers savent ça. Je profite ainsi de toutes les saveurs de bons œufs fermiers du coin juste brouillés avec quelques épices, de brocolis revenus à la poêle ou de pizza faites à base de fromage râpé. Tout est possible !
Avec tout ça, je ne suis jamais affamé. J’arrive à table sans me jeter sur la nourriture et en ressort léger. Contrairement à mes convives qui mangent des pommes de terre avec leur raclette, je préfère le chou-fleur ou les champignons, je sors de table frais et dispo alors qu’eux ont envie de dormir. Cherchez l’erreur, on dit que le sucre c’est l’énergie !
Rappel : Adieu les féculents, fruits, céréales et bonjour les légumes à feuilles, les bons lipides.
On pourrait se dire, ah oui mais qu’en est-il des nutriments essentiels ? A-t-il des carences en vitamines faute de fruits ou autre chose ?
Je cherche toujours mais rien ne manque. Je crois même être moins malade qu’avant, plus de sinusite, rhumes à répétitions.
Résumé de ces derniers mois
Pour commencer, Je dois avouer que ce mode d’alimentation, car ce n’est pas un régime ponctuel mais vraiment une façon de vivre maintenant, me permet de vivre normalement. Je peux pratiquer la course à pieds comme je l’entends sans me soucier plus que les autres de mes ravitaillements, capacités physiques. Pour preuve, j’ai effectué un stage de trail cet été en montagne pendant trois jours sans soucis particulier. Bon, OK, j’étais cuit mais comme tout le monde. C’est normal je pense après 52 km à courir et monter plus de 3000 mètres de dénivelé positif, non ?
Pour illustrer la situation, voici le graphique montrant mes taux d’hémoglobine glyquée (HbA1C) en bleu et l’évolution de l’indicateur de production du précurseur de l’insuline les Peptides C (en rouge).
On peut voir plusieurs choses grâce à ce graphique.
Tout d’abord, mon diabète est relativement équilibré dès le début grâce à la lune de miel. Pour beaucoup, une HbA1C en dessous de 7% est déjà très bien. Cependant, et comme je l’ai dit plus haut, ma cible est plutôt vers les 5% voire moins. Il y a donc de la marge de progression.
Dans cet objectif, on s’aperçoit que l’alimentation pauvre en glucides m’a permis de faire diminuer progressivement cette constante tout en me permettant pendant un temps de ne plus m’injecter d’insuline. Cela est dû au fait que mon pancréas, grâce à ces glycémies « normales », est capable de continuer de fonctionner un peu.
Au bout d’un certain temps tout de même, un rebond de mon HbA1C (5,7% en mai 2017), m’a fait comprendre qu’il allait falloir que je l’aide.
Je prends donc la décision, avec l’accord de mon diabétologue toujours, de reprendre les injections.
Mon traitement actuel
Pour l’insuline basale, je choisi d’utiliser la Levemir® car celle-ci a une action de 12 heures. Cette durée est intéressante car elle permet d’être plus précis pour les phases d’activité et de repos et évite d’avoir une action trop importante lors de mes activités physiques.
Pour la régler, je me teste à jeun et 4 heures après mon injection je prends à nouveau ma glycémie. Si je suis à moins de 10 mg/dl de ma cible, c’est tout bon.
Comme je l’injecte au coucher et au lever, je fais le test en plusieurs fois. Il me faudra moins d’une semaine pour trouver le bon dosage : 3 unités au coucher, 2,5 unités au lever. (Ah oui, j’utilise des stylos me permettant de faire des demi-unités, c’est très utile pour les enfants ou pour ceux qui ont besoin de doses faibles).
Pour ce qui est des corrections, elles sont de deux types. Les bolus pour les repas et les ajustements en journée, en dehors des repas.
J’utilise pour cela 2 types d’insulines rapides : la Novorapid® et l’Actrapid®.
La Novorapid® me sert pour corriger mes glycémies en dehors des repas. C’est la première insuline que j’injecte au réveil pour « casser » l’effet de l’aube. Ensuite, si dans la journée je suis au-dessus de mon objectif, il m’arrive d’injecter 1 ou 2 unités au besoin.
L’Actrapid® sert pour les repas. Son avantage vient de sa longueur d’activité, environ 5 heures sachant que celle-ci commence au bout de 45 minutes. Comme les repas sont pauvres en glucides, les pics de glycémie sont faibles. En revanche, les protéines sont transformées en partie en glucides, c’est la néoglucogenèse. Ce processus est lent et dure entre 2 heures et 3 heures après le repas. Comme l’Actrapid® dure environ 5 heures, son activité colle avec la montée de la glycémie après le repas. Cela me permet d’avoir des courbes de glycémies relativement plates et des valeurs qui ne s’éloignent pas trop de mon objectif.
Cette façon de faire est différente de ce qu’on m’a enseigné à l’hôpital. Mais essayer de faire coïncider un pic étroit d’activité d’une insuline très rapide avec une pic indéterminable de glycémie dû à une alimentation riche en glucide ne m’a jamais réussi. Grâce à cette façon de faire, finies les hypo après les repas et les hyper à plus de 1,5 mg/dl.
Je ne suis pas trop un extrémiste sur les calculs de ratios insuline/protéines, insuline/glucides. Mes portions sont assez souvent similaires (en quantité et non en qualité), je peux donc tâtonner pour trouver le bon dosage. En fonction de ma faim et de la taille du repas à venir, j’injecte donc entre 3 et 4 unités d’Actrapid® à chaque repas. Les erreurs me coutant en général une « hyper » de 0,2 mg/dl au pire au-dessus de la cible.
Un contrôle 3 heures après le repas permet de se rassurer sur cette valeur et si nécessaire, je donne un coup de pouce avec la Novorapid®.
Voici une représentation grâce au Freestyle libre que j’ai essayé pendant 3 mois d’une journée type avec 3 repas :
Les points sous surveillance :
Il reste toujours une zone d’ombre concernant mes résultats sanguins et mon taux de LDL (« mauvais cholestérol » selon le corps médical au pouvoir J). Ce taux est trop élevé selon mon diabétologue, même si lui-même n’a pas de retour sur une population de DID avec des HbA1C de non diabétique avec de pareils taux.
Je suis un cas à part en plus car les personnes qui suivent le même régime que moi voient leur taux de LDL monter au début, en effet, mais celui-ci baisse et devient mieux qu’auparavant au bout de quelques mois.
Donc j’attends toujours une diminution de ce taux pour rassurer tout le monde et surtout mes médecins. Pour le moment, nous avons effectué un doppler des artères cervicales et elles se portent très bien sans aucune trace d’accumulation ou de rétrécissement. Il faut tout de même noter que pour la plupart de ceux qui mangent low-carb, et moi-même cette fois, les triglycérides diminuent et le HDL (bon cholestérol) augmente ce qui est positif.
Les points positifs (rappel) :
- Plus d’hypo
- Plus d’hyper
- Pas de complications en vue, a priori
- Une activité physique libre, sans contrainte
Ceci est mon adaptation à ce mode alimentaire. Il a toujours été effectué sous contrôle de mon diabétologue et surtout sous contrôle étroit de mes glycémies.
#Type1RunningTeam #RunForDiabetes
Salut,
Pourquoi vises tu une HBA1c aussi basse ? Il me semble qu’il n y a pas etude scientifique qui accredite le fait que baisser jusqu’a ces taux soit benefique pour la sante.
Sur le LDL/HDL, cette theorie est egalement en train de couler. Les anti-cetp (medicaments attendus comme miracles) sont en perte de vitesse et certains labo ont abandonne la commercialisation apres des milliards de R&D. Ces medicaments augmentent massivement le HDL sans le moindre resultat sur les complication cardio-vasculaires. Bref, le cholesterol, ca sert a faire vendre des statines mais c’est tout. Je ne m en inquieterais pas plus que ca.
Je suis plus circonspect sur le low-carb. J’ai teste pendant quelques mois. Ca a pas mal d’avantage mais il n’y a vraiment aucune etude medicale valable (long terme, double random, etc …) sur les effets d’un tel regime a long terme. A l’inverse, des regimes de type diete mediterranneene ont montre leur grande efficacite dans la prevention des problemes cardios (le plus gros soucis de DT1). Comme je prefere la science, je suis revenu du low-carb pour une diete med’ avec une balance un peu plus sur les lipides mais sans etre low-carb (et tres loin d etre en cetose continue).
Amicalement
Akira
Bonjour, ma fille de 15 ans a le type 1 depuis fevrier 2018. Nous vivons a l’etranger et nous faisons des consultations en France 2 fois par an. J’ai opte pour le regime low-carb pour elle, je n’ai pas ose lui reduire les glucides a moins que 90g par jour. Son HbA1C de juin etait 6.7%, pas mal mais j’avais espere moins. Le low-carb aide a ne pas trop depasser 140mg et tomber moins de 80mg. Elle a du mal a abandonner des desserts, c’est trop tot peut-etre, donc je me suis mis a lui preparer des desserts pauvres en glucides, par exemple, des glaces a 0.5-10g la portion, les gateaux a 10-20g le morceaux, des mousses et des cremes a moins de 10g de glucides, etc.
Par contre, j’aimerais trouver un medecin ou/et in dietetitien qui pourrait nous aider a trouver le bon equilibre. Pouvez-vous nous recommender? Ou est-ce que c’est pratiquement interdit en France? Notre equipe medical est tres sympa mais quand j demande pourquoi le taux est monte de 90 a 170 entre les repas, ils me disent « si ca reste moins de 180, c’est normale »…Je ne suis pas d’accord. Merci.
Et en plus c’est une maladie qui apparaît brutalement chez les enfants. Quel courage ont ces petiots de supporter cette vie tout en sachant que pour le moment ils ne peuvent pas guérir de cette maladie !
Très intéressant, merci !! Je suis DT1 depuis juin 2019… j’ai du mal à me passer des glucides vu ma gourmandise prononcée… mais votre analyse me motive à faire encore plus d’effort . Je fais entre 5 et 7 séances de course à pieds par semaine… j’ai bien envie de m’essayer au low carb !!
Bonne continuation !!
Greg