Nous voila samedi 21 mai, je m’étais inscrit il y a quelques mois à cette course du Festa Trail : L’Hérault Trail pour une distance de 73km et 3000m de dénivelé positif environ.
C’est nouveau pour moi, jamais je n’ai parcouru une si longue distance, le maximum étant un peu plus de 43km avec le maratrail catalan et quelques marathons dont deux récents (Barcelone le 13/03 et Paris le 03/04).
Le départ de la course se fera à St Jean de Buèges (164m), effectuera une boucle de 13km en passant par Peyre Martine (782m) pour repartir ensuite vers le Roc Blanc (923m) et descendra sur Brissac (132m). Le profil deviendra moins difficile tout en restant vallonné jusqu’à Cazevielle pour entamer la dernière difficulté de la journée : le Pic St Loup (539m) et sa descente technique pour atteindre St Mathieu de Tréviers.
Gestion glycémie avant course :
La veille, je diminue la lentus, étant donné que c’est une première pour moi sur cette distance et durée de course, je n’ai pas de comparatif, je décide de faire 18 unités à la place de 25 habituellement.
Le matin, 5h15, je suis à 1,44 ; je décide de faire 3 unités de rapide et de manger un peu puis départ pour St jean de Buèges (1h30 de voiture environ).
Arrivé à St Jean de Buèges 1h avant le départ, qui est à 9h, je prends un café et mets au point une dernière fois mon matériel. A 8h20 je suis à 2,55 avec une glycémie stable.
Partie 1 : St Jean de Buèges / St Jean de Buège 13 km (2h15)
Enfin !! C’est le départ, je me place en queue de peloton préférant un départ prudent, j’aurais le temps d’accélérer après si je le peux encore. La première partie de cette course se compose de 4km assez plat et assez large jusqu’à Pégairolles de Buèges. Après cette partie peu technique commence la montée vers Peyre Martine pour environ 600m de dénivelé positif, les coureurs commencent à marcher, j’en double quelques-uns qui ralentissent sur la fin et entame une portion plus plate avec une vue magnifique sur les environs. Le soleil est de la partie et il faudra en tenir compte !
Sur la descente, je reste prudent, bavardant avec un coureur venu de Paris et passant à la marche quand le monotrace devient plus technique.
1er ravitaillement : 13km en 2h15
Classement : 199eme (261 partants).
Glycémie : 2,67 en baisse faible.
Je reste un peu plus de 10 minutes à ce ravitaillement où je bois un verre de coca et mange quelques chips.
Partie 2 : St jean de Buèges / Roc Blanc km 23 10km (2h07)
Après avoir rempli la poche d’eau du sac, me voila reparti pour affronter la plus grande difficulté de la journée : le Roc Blanc et sa montée en lacet en plein soleil dans les cailloux. Le chemin commence au milieu des vignes et devient rapidement plus minéral. Je double encore quelques coureurs qui avancent plus prudemment que moi (et que j’aurais sûrement dû imiter).
La première partie de la montée se fait donc en de nombreux lacets en plein soleil (il est midi), c’est long mais je ne me sens pas vraiment fatigué et continue à mon allure. C’est arrivé à La Coupette (fin des lacets et début de la crête à 711m d’altitude) que sans prévenir, je me sens très fatigué avec une envie légère de vomissement. Quelques centaines de mètres plus loin je m’arrête à côté de 2 secouristes pour attendre que ça passe.
A 12h27, toujours à l’arrêt, je suis à 1,55 en baisse, avec une sensation désagréable d’hypoglycémie. Je décide alors de manger quelques bonbons « nounours », ce qui fait pas mal d’heureux chez les coureurs qui passent. Je repars après 10 minutes d’arrêt, un peu mieux mais pas tout à fait bien non plus, je me demande comment je vais bien pouvoir finir ces 73km si je me sens si mal après moins de 20km…
Le chemin se fait sur la crête, qui devient de plus en plus étroite et de plus en plus belle en progressant vers le Roc Blanc. Je vais de mieux en mieux et reprends même quelques coureurs, le paysage est à couper le souffle avec d’un côté la vallée de la Buège et de l’autre le cirque de Navacelle.
Nous arrivons à la fin de ce chemin serpentant au grès de la crête, assez ludique et finissant avec un brin d’escalade pour atteindre le ravitaillement du Roc Blanc (923m).
2eme ravitaillement : 23km au total en 4h23.
Classement : 187eme (261 partants).
Glycémie : 2,61 en forte montée (trop de bonbons nounours !!).
Je reste plus de 15 minutes, profitant d’être au Roc Blanc avec une chaise et du soleil, un verre de coca à la main et bavardant avec les coureurs présents. Je décide de faire 3 unités de rapide pour ne pas trop monter (ce qui ne va pas manquer !)
Partie 3 : Roc Blanc / Brissac km31 8km (1h29)
C’est maintenant une très longue descente qui nous attend, toujours prudent sur ce type de parcours, j’alterne tranquillement marche et course. On arrive sur une portion type DFCI sur 2km environ, ce qui redonne un peu de « vitesse » (9km/h) avant de replonger sur un monotrace. J’assiste à une chute impressionnante d’une féminine, qui se relève avec une douleur importante au genou ; 2 coureurs étant déjà arrêtés et vu que cette dernière me dit avoir tout ce qu’il faut, je repars en redoublant de prudence.
C’est sur la dernière partie de la descente que je parle pour la première fois du diabète et de course à pied dans une discussion avec un autre coureur.
3eme ravitaillement : 31km au total en 5h52.
Classement : 187eme (261 partants).
Glycémie : 4,00 en faible montée.
Je reste un bon moment à ce ravitaillement, je fais 6 unités d’insuline tout en mangeant chips et un verre de coca. Une petite fontaine nous permet de se mouiller un peu, il fait très chaud, il est 15h et le soleil est bien là.
Partie 4 : Brissac / La Guichette km44 13km (2h45)
Je repars avec une féminine avec qui je vais rester un bon moment, et nous allons nous doubler quelques fois, elle courant plus vite en descente et plat, et moi montant plus vite. Nous sommes tous les deux un peu affaiblis, moi par l’hyperglycémie récente et elle par des douleurs aux cuisses.
Après être passé à Notre Dame de Suc (318m), une hypoglycémie me stoppe net dans mon élan. Je suis au km 35, et la glycémie à 0,54 en forte baisse. Je laisse partir ma coéquipière et m’arrête juste avant une descente technique pour m’assoir un peu (ce qui va bien durer 25 minutes) et recommencer la distribution de bonbons « nounours » !
20 minutes après l’arrêt, le freestyle m’indique LO donc inférieur à 0,40, je continue de manger un peu et repars peu après espérant que les sucres vont finir par être assimilés.
Je repars donc en marchant, essayant de ne pas trop ralentir. Beaucoup de coureurs m’ont doublé à l’arrêt et quelques uns continuent. Un couple me double et nous allons nous suivre sur les prochains km.
Je fais un contrôle de glycémie, je suis à 0,62 stable, je mange alors le petit paquet de céréales pour me rebooster. Opération réussie car je me sens moins fatigué et peux accélérer à nouveau sur un chemin peu technique mais assez long avant le prochain ravitaillement.
4eme ravitaillement : 44km au total en 8h38.
Classement : 174eme (261 partants).
Glycémie : 1,00 en faible montée.
Beaucoup de coureurs sont mal en point à ce ravitaillement, crampes, troubles digestifs, envie d’abandonner … Etonnamment, je me sens bien mais quand même affamé. Pour la première fois de la course je mange des pates. On discute beaucoup, on se repose et on n’ose pas trop regarder tout ce qu’il nous reste à faire comme chemin. Objectif : le prochain ravitaillement qui est aussi la base de vie. Je suis à 1,65 stable avant de partir.
Partie 5 : La Guichette / St Martin de Londres km54 11km (2h26)
Je pars avec 2 autres coureurs de ce ravitaillement, c’est parfait car il me donne un bon rythme pour repartir. Lors d’un passage à côté de cerisiers, on nous offre des cerises, il y a quelques randonneurs et supporters, ça fait plaisir de voir du monde.
Une belle montée nous attend, Puech Coubiou à 409m (on était à 147m au ravitaillement et on est descendu depuis). Je lâche mes 2 compagnons pour avancer un peu plus vite dans la montée, je double 2 ou 3 coureurs puis trouve un coureur avançant à mon rythme, coureur que j’avais rencontré au Roc Blanc il y a presque 30km. On reste ensemble une trentaine de minutes, bavardant de tout et de rien. Me sentant bien, j’accélère un peu pour me remettre à courir malgré la légère montée sur cette fin d’ascension. Un point d’eau nous attend au sommet et c’est la descente jusqu’à St Martin de Londres (185m). Bonnes sensations, je fais rapidement ces 5km.
Je retrouve mes parents un peu avant cette base de vie, venu m’apporter une assistance personnelle bienvenue à ce moment de la course.
5eme ravitaillement (Base de vie) : 54km au total en 11h05.
Classement : 164eme (261 partants).
Glycémie : 4,14 stable
La glycémie s’est envolée ! je vais rester près de 45 minutes à St Martin de Londres, profitant d’un accueil chaleureux, boire de la soupe, du coca light (merci à mes parents !!) et me changer (collant de course à la place du short). Je fais aussi 4 unités de rapide pour descendre un peu.
Partie 6 : St Martin de Londres / Cazevielle km64 10km (1h57)
Je sors de St Martin de Londres en suivant 3 coureurs qui ont une centaine de mètres d’avance. Le terrain est facile, reste assez plat. Je cours sur 3km entre route et chemin, même si le paysage est moins spectaculaire, la sensation de vitesse est plaisante. Je ne rattraperai pas les 3 coureurs mais j’arrive au niveau de 2 autres coureurs qui sont du coin et m’expliquent un peu à quoi s’attendre.
Arrivé au pied de la seule difficulté de cette partie de course, une belle montée de 170m de dénivelé en monotrace, il est plus que temps d’allumer la frontale, il est 21h30 environ. Le fait de courir en nocturne … me réveille ! Cela ajoute une touche ludique et puisque les sensations sont bonnes, j’en profite dans la montée et la courte descente qui suit.
6eme ravitaillement : 64km au total en 13h02.
Classement : 160eme (261 partants).
Glycémie : 0,51 stable.
Je vais rester une petite vingtaine de minutes à ce ravitaillement, essentiellement pour prendre le temps de remonter la glycémie, de mettre le coupe-vent et le bonnet (finalement pas vraiment nécessaire). Mes parents sont là, on parle beaucoup avec les autres coureurs (on sent que la fin est proche et ça nous rend un peu euphorique), on plaisante avec les bénévoles qui seront là jusqu’à 6h du matin !!).
Niveau resucrage, je prends du soda, des bonbons.
Nous avons la chance de voir les premiers du 18km nocturne passer (quelle vitesse !!).
Partie 7 : Cazevielle / St Mathieu de Tréviers km73 9km (1h45)
En avant pour la dernière difficulté, le Pic St Loup, on nous en a beaucoup parlé, nous y voila ! Nous montons par un chemin peu technique, finalement assez facilement jusqu’à 539m. J’ai récupéré 2 coureurs avec qui j’ai fais la montée, dont un coureur participant au 120km (environ 10eme du classement). Ces derniers vont me fausser compagnie dans la descente, visiblement plus à l’aise que moi sur ce terrain. J’en descends tout de même une bonne partie en courant, cette descente est assez technique avec beaucoup de cailloux, assez instables, d’autant plus que je laisse souvent passer des participants du 18km nocturne bien plus dynamiques que moi. La fin de la descente me parait longue et c’est donc avec plaisir que je vois le chemin devenir moins technique puis le bitume.
Je profite de cette partie pour accélérer entre 10 et 12km/h petit à petit et passer la ligne d’arrivée en courant !!
J’ai droit à un gobelet du festatrail et un joli polo finisher !!
Finisher en 14h47’59 pour les 73km /3000m de D+ = objectif secondaire : moins de 15h réussi :) (le premier étant de finir !).
Conclusion :
Très satisfait de cette course, mon premier trail long. La gestion de la glycémie est sûrement à revoir car ce fût les montagnes russes tout le long de la course. Les resucrages étant probablement trop importants, il faudrait aussi les anticiper avant les hypoglycémies et prendre en compte une remontée de la glycémie plus lente que habituellement.
Pour les points positifs, mon départ prudent, malgré les coups de moins bien au Roc Blanc (km23) puis km35 (hypoglycémie), m’a permis de vraiment m’éclater sur la fin et de profiter un maximum sans être trop fatigué.
Je fini 154eme / 261 partants, avec 60 abandons (la chaleur a fait beaucoup de victimes, notamment sur le Roc Blanc).
J’ai porté fièrement les couleurs de Type 1 Running Team et ai eu beaucoup d’échanges très intéressants durant la course sur le diabète et la course à pied. J’avais comme lecteur de glycémie le Freestyle libre, qui m’a bien aidé pour faire rapidement et sans contrainte (dans la poche arrière du short) les contrôles de glycémie. J’avais dans la poche avant du sac un stylo de rapide, utilisé sans soucis lors des ravitaillements.
Pour finir, un grand merci à tous les bénévoles pour leur présence, leur accueil, leur bonne humeur, leur soutien, qui m’ont été d’une aide primordiale pour réussir cette course !
Un grand bravo Guillaume , respect.
Philippe